Par Sophie Manzella, Massage Sensitif® bien-être de la méthode Camilli dans notre centre

LA FORCE DU TOUCHER

Celui qui nous touche parle à notre cœur. Toutes les études scientifiques menées ces dernières années montrent qu’il faut réhabiliter ce sens trop longtemps cantonné à un rôle utilitaire de perception des textures ou des températures. De fait, il a fallu un demi-siècle avant que l’on s’aperçoive que notre peau est probablement notre premier organe social, elle qui contient des neurones spécialisés dans la transmission des affects positifs, depuis les relations parents-enfant jusqu’aux liens sociaux de la vie adulte. Ces neurones fondent le sens de l’autre – l’autre qu’on a dans la peau, qui nous rassure et nous touche au sens propre comme au sens figuré. Une fois activées, les fibres du toucher dissipent la solitude, atténuent la douleur, chassent la peur et le stress. Ce qui explique pourquoi les personnes qui savent toucher leurs semblables ont autant de succès : meilleurs résultats en négociation, force de persuasion et de réconfort, statut social accru. Tout simplement parce que nous aimons ces gens qui parlent à notre peau, et à travers elle, à notre cœur. ...                                                                                                       

Sébastien Bohler,Cerveau&Psychologie, N°74 février 2016 

Avant de parler ou même de distinguer clairement  son environnement, le bébé sent par la peau la présence et l’émotion de ses parents. Son sens du toucher est déjà pratiquement mature.


LE TOUCHER QUI GUÉRIT

À peine nés, les nourrissons doivent subir des traitements parfois éprouvants, dont la traditionnelle prise de sang. Pour atténuer cette charge de stress, les stimulations tactiles seraient bienvenues et c’est pour cette raison qu’un groupe «Cochrane» (équipe indépendante de médecins et de neuroscientifiques chargée de l’évaluation d’études thérapeutiques) a passé au crible en 2013 les effets des massages sur des bébés au cours des six premiers moisLes massages stimuleraient la croissance etla prise de poids tout en diminuant les pleurs. Des effets toutefois modestes, voire marginaux si en sont exclus les études soupçonnées d’enjoliver les résultats. Malgré tout, les massages restent considérés comme bénéfiques pour détendre les bébés et pour les stimuler. D’autres thérapies sont moins connues: le « gentle touch » (toucher doux) consiste à poser une main sur la tête du nourrisson, et l’autre sur le ventre ou sur un bras. Dans une variante coréenne de cette pratique, la méthode Yakson, l’adulte pose une main sur le dos de l’enfant et caresse son ventre de l’autre. Ces deux méthodes, appliquées deux fois 15 minutes chaque jour pendant cinq jours prolongent le sommeil du bébé et réduisent la concentration des hormones du stress dans ses urines. Plus établie est la méthode Kangourou, consistant à se placer en position semi-allongée et à prendre l’enfant contre soi, ventre contre poitrine, pendant une heure environ. Selon une étude Cochrane de 2003, elle améliorerait les chances de survie des prématurés. « Les arrêts respiratoires sont une menace permanente pour ces enfants, explique Martin Grunwald de l’Institut de recherches sur le toucher de Leipzig. Or, dès qu’une infirmière les touche, leur respiration repart. » L’idée de l’équipe : mettre au point un appareil capable de stimuler tout le corps de l’enfant afin d’éviter ces épisodes tant redoutés. …                                                                                                                                                                                               

LES MASSAGES QUI CHASSENT LA PEUR


Les effets du toucher pourraient-ils venir en aide aux patients souffrant de pathologies lourdes ? Une expérience menée auprès de 44 grands malades dans des hôpitaux de Suède et de Norvège a projeté un éclairage intéressant sur cette question. Patients opérés du cœur, atteints d’infections pulmonaires ou d’autres affections, étaient répartis en deux groupes. Les uns suivaient un programme de convalescence classique à base de repos, les autres se voyant prodiguer quotidiennement pendant une demi-heure des massages au niveau des mains et des pieds, puis de l’estomac, de la tête, du visage et enfin de la poitrine et des jambes. De nombreux indicateurs physiologiques furent améliorés dans cette dernière condition, dont la fréquence cardiaque. Mais surtout, les prescriptions de tranquillisants et le sentiment de peur des patients ont baissé. À en croire d’autres études, le toucher pourrait avoir des effets plus profonds encore. Ainsi, des chercheurs britanniques ont analysé les données de 300 patients d’un centre de médecine complémentaire de Lake District, dans le nord de l’Angleterre. La moitié d’entre eux souffraient de pathologies psychiques, les autres de cancers et une partie également rencontraient des problèmes d’orthopédie. L’ensemble de ces patients s’est vu proposer quatre séances de massage doux sur les parties douloureuses du corps, durant 40 minutes. Avant puis après ce programme, ils devaient répondre à des questionnaires sur leur vécu émotionnel. Ces derniers ont révélé que sur une échelle de 0 à 10, leur niveau de stress perçu avait baissé de 4 points, leur peur de 3 points et leur douleur de 2 points. Un résultat qui serait merveilleux si les difficultés de patients semblables n’ayant point reçu de massages avaient été aussi mesurées au cours de la même période. Mais hélas, cette mesure n’a pas été réalisée. Quoi qu’il en soit, l’intérêt des massages semble de mieux en mieux reconnu en pratique clinique. Ainsi, l’équipe de Tiffany Field a mis en évidence des améliorations notables de l’état physique et psychologique des patients appartenant à plusieurs cohortes. Les massages renforcerait notamment le système immunitaire, en stimulant la production de cellules qui combattent les tumeurs. Un autre groupe de recherche a décrit les effets positifs de six séances de massages réparties sur deux semaines sur les douleurs et l’humeur de patients cancéreux. …
 

Christiane Gelitz, psychologue, Cerveau&Psychologie, N°74 février 2016   

EN BREF

La peau serait notre premier organe social,  

Les contacts corporels, en donnant aux patients le sentiment d’être humainement connectés, atténuent la peur et le stress.

 Les défenseurs des médecines alternatives ne juraient que par eux. Les massages et thérapies par le toucher sont maintenant expérimentés en milieu hospitalier, où ils semblent accélérer la guérison, apaiser les douleurs, les détresses de l’âme.

Chez des personnes atteintes de cancer, des massages feraient baisser le stress de 4 points sur une échelle de 10, la peur de 3 points et la douleur de 2 points.


Sophie Manzella, Massage Sensitif de bien-être

Extraits d’article, revue Cerveau&psychologie.

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