Par Camille Carrel, sophrologue et hypnothérapeute dans notre centre, ancienne sage-femme

Qu’est ce que le vaginisme, dont heureusement les femmes parlent de plus en plus ? Comment s’en libérer ? En quoi la sophrologie et l’hypnose peuvent elles aider les femmes qui en souffrent ? Je vous parle dans ce nouvel article de blog des bienfaits de ces deux disciplines que je pratique sur Grenoble pour accompagner les femmes souffrant de vaginisme, et de mon expérience de sage-femme.

Qu’est ce que le vaginisme ?

Définition

Le vaginisme correspond à une contraction involontaire des muscles qui entourent le vagin (le périnée), ce qui rend en général un rapport sexuel avec pénétration douloureux voire impossible.

On estime qu’environ 1% des femmes en souffrent, c’est donc un trouble qui se rencontre plutôt fréquemment ! Mais le sujet est souvent considéré comme tabou par les femmes, qui se sentent dès lors seules et démunies face à leur vaginisme, puisque le sujet touche directement à l’intimité ! Le problème, c’est que peu de professionnels sont sensibilisés sur le sujet ! Ils vont souvent dire aux femmes qui osent se confier qu’il faut juste qu’elles se détendent !

On parle souvent de blocage psychologique inconscient, car cela met en jeu un mécanisme de défense ou de protection du corps : la femme désire avoir un rapport sexuel pénétratif, mais le corps bloque involontairement l’entrée du pénis !

Les origines

Un vaginisme peut avoir plusieurs origines :

  • Primaire : c’est lorsqu’une femme n’a jamais réussi à avoir des rapports sexuels avec pénétration; un toucher vaginal n’a jamais été possible lors d’un examen gynécologique. Parfois la femme réussi à insérer un doigt ou un tampon, parfois rien ne passe !
  • Secondaire : il s’agit généralement de femmes ayant subi un traumatisme au cours de leur vie (agression sexuelle, violences obstétricales, …) et qui vont présenter un vaginisme alors qu’elles n’avaient pas ce problème auparavant !

Attention ! Dans de rares cas, un vaginisme peut être dû à une malformation, un hymen trop résistant, une infection vaginale, etc. C’est pour cela qu’il est toujours important de faire le point avec une sage-femme ou un gynécologue !

Ce que je vois le plus dans ma pratique au cabinet

Les mauvaises représentations de la sexualité

Dans le vaginisme, l’une des composantes que je retrouve le plus dans ma pratique au cabinet, c’est la peur de la douleur. Imaginez : vous êtes une toute jeune fille (ou un garçon !), et vous entendez depuis l’adolescence des récits comme quoi la jeune fille a eu très mal au premier rapport, qu’elle a beaucoup saigné, qu’elle s’est ”déchirée” …

Bref, que les premières fois ne se passent jamais bien !

C’est quelque chose de très logique : si on a entendu toute sa vie qu’une action pouvait faire mal, qu’on allait potentiellement saigner et souffrir, je pense que personne n’aura envie de réaliser l’action en question tellement inconsciemment nous serons conditionnés à appréhender cet événement !

Il va donc s’agir de travailler sur cette mauvaise représentation de la sexualité, notamment la sexualité pénétrative. Il s’agit également de déconditionner le cerveau qui se sent en insécurité face à cette information … ça, cela sera le rôle de la sophrologie et surtout de l’hypnose !

Une méconnaissance du corps

Les femmes qui en souffrent ont généralement une très mauvaise représentation de leur corps, de leur anatomie, parfois elles n’ont même aucune idée de comment leur corps fonctionne ! Cette méconnaissance peut-être due à une éducation sexuelle très stricte, des interdits moraux ou religieux, une consommation excessive de porno, …

Je fais d’ailleurs souvent ce petit jeu en début d’accompagnement du vaginisme : je demande aux patientes de dessiner la zone du bas de leurs corps, comme elles l’imaginent, la localisation et la taille du vagin, de l’anus, de l’utérus, des ovaires, de la vessie … Et puis bien sûr, on revoit ensemble les bases ! J’utilise toujours pour cela un livre que j’adore, le Petit illustré de l’intimité, que je recommande d’ailleurs vivement à tout les parents et à toutes mes patientes pour comprendre l’anatomie féminine. J’aurai d’ailleurs bientôt une petite peluche vulve comme support d’explication au cabinet !

Je suis toujours surprise du peu de connaissances de ces femmes, qui ne savent pas comment elles sont constituées. Certaines ne se sont même jamais regardées dans un miroir ! Il faut dire que l’éducation sexuelle en France est quasi inexistante …  En général le vagin est représenté comme un tube très petit et étroit, et c’est notamment sur ce point là qu’il faut travailler, pour convaincre ces femmes qu’il est tout à fait possible d’y insérer un doigt, un tampon … un sexe masculin !

Mon expérience de sage-femme autour du vaginisme

Le vaginisme est un trouble que j’ai fréquemment rencontré lorsque j’exerçais en tant que sage-femme, en maternité ou en libéral. Vous pouvez d’ailleurs lire ici un article de blog qui explique mon parcours professionnel de sage-femme vers la sophrologie !

Le plus souvent, les femmes le découvrent  au décours de leur premier examen gynécologique, mais mal informées sur les accompagnements possibles les couples trouvent des alternatives non pénétratives souvent très satisfaisantes dans leur vie sexuelle… Je le répète souvent : pour s’épanouir dans sa vie sexuelle, les rapports pénétratifs ne sont pas la norme, on peut très bien éprouver du plaisir sans pénétration !

Néanmoins, face à un désir d’enfant, les femmes décident de prendre en charge ce trouble des années plus tard et c’est surtout à ce moment là que je les rencontrais en consultation à l’époque. Dans ce contexte, les femmes ressentent beaucoup de pression puisqu’elles savent que pour concevoir un enfant elles vont devoir s’atteler à ce problème … ce qui n’arrange pas le vaginisme puisqu’elles auront encore plus de mal à se détendre et à lâcher-prise ! La peur d’accoucher, si elles parviennent à tomber enceinte, est également très présente, et contrairement aux idées reçues accoucher ne guérit pas du vaginisme ! Je rencontrais également les femmes en demande de prise en charge de leur vaginisme lors de périodes conflictuelles avec leur compagnon, car elles culpabilisent souvent de ne pas se sentir “normales” et ont peur de mettre leur couple en péril.

Prendre en charge le vaginisme

Quelles prises en charges pour un vaginisme ?

La prise en charge d’un vaginisme est le plus souvent multi-disciplinaire : il n’y pas de recette magique pour s’en libérer car chaque femme est différente, mais beaucoup de prises en charge (souvent cumulées) font leur preuve au bout de plusieurs mois :

  • la rééducation périnéale : par des sages-femmes ou des kinésithérapeutes spécialisés, il s’agit de se réapproprier la zone génitale par des exercices d’étirement et de contraction du plancher pelvien. On peut dès lors préconiser certains outils, comme des dilatateurs (appelées également bougies), on peut même travailler avec des machines pour assouplir les tissus !

Je travaille notamment avec des collègues kinés spécialisées en qui j’ai toute confiance sur Grenoble, Alix Beaud et Carole Mettavant. Ce n’est pas évident de trouver des professionnels formés, et pour cela il existe des annuaires qui répertorient les soignants compétents, comme celui des Clés de Vénus !

  • les thérapies cognitico-comportementales : par des psychologues ou des sexologues, dans le cas de traumatismes par exemple,  afin de déconstruire des schémas de pensées ou des peurs.
  • la relaxation : par la sophrologie ou l’hypnose, il s’agit de relaxation à la fois mentale et physique pour reprendre le contrôle de ses peurs, de ses émotions, de son corps !

A chaque femme sa ou ses méthodes ! Le but est de trouver l’approche qui rassurera le plus les femmes, qui leur redonnera confiance !

Les bienfaits de la sophrologie et de l’hypnose

Les maîtres-mots de mes accompagnements auprès de ces femmes sont douceur et bienveillance. Je leur propose un accompagnement personnalisé et adapté à leurs besoins, à leur histoire personnelle, afin de leur mettre à disposition les outils de relaxation, de respiration et de visualisation nécessaire à leur reprise de pouvoir sur ce trouble. Je me sers énormément de mon expérience de sage-femme pour les guider dans la connaissance de leurs corps, les rassurer !

Chaque femme a un profil différent, avec des déconstructions particulières à aborder ! Les séances proposées ont généralement pour thème les thématiques suivantes :

  • Evacuer les tensions, la colère et la culpabilité parfois de ne pas se sentir “normale”
  • Déconditionner via l’hypnose le cerveau à avoir peur de la pénétration
  • Activer le lâcher-prise pour progresser à son rythme et ne pas appréhender le rapport sexuel
  • Apprendre à respirer et à détendre toutes les zones de son corps
  • Renouer avec son corps, faire confiance en ses capacités corporelles et émotionnelles
  • Explorer les éventuels traumatismes pour se libérer de la charge émotionnelle rattachée

Lorsque le vaginisme est évoqué par les professionnels de santé, de multiples solutions sont possibles pour accompagner les femmes. Heureusement, surmonter un vaginisme est totalement envisageable au bout de plusieurs semaines quand on trouve les personnes compétentes pour se faire aider !

Au plaisir de vous accompagner 🙂

Camille

Découvrez ici le profil de Camille Carrel, et ses coordonnées 😉

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